Crashing: une longue soirée à pleurer (de rire)

“Crashing”, non pas comme la tête de Jupiter de la Vénale Elysée contre mon poing. Comprenez “squatter”, ou débarquer d’un coin sans perspectives pour atterrir ailleurs, sans plus de précision, mais avec des copains pour atténuer la quête vaine d’un projet qui tient la route.”

Diffusée pour la première fois en 2016, cette courte série réalisée par l’actrice principale, Phoebe Waller-Bridge, brosse le quotidien de six jeunes adultes d’une vingtaine d’années, barrés, maladroits, se questionnant inconsciemment mais progressivement sur leur développement personnel, leur orientation sexuelle, et qui font preuve d’un humour graphique à faire des échos de votre rire à deux rues à la ronde.

De fait, “Lulu” arrive de Bristol et cherche un bout de canapé dans la très onéreuse Londres. Pour changer d’air, découvrir de nouveaux horizons, vivre ? Que sais-je ? Elle n’a pas de plans précis, juste une adresse… qui la mène à un hôpital désaffecté où squattent tous ces gens. A peine les portes franchies, qu’une fête célébrant l’anniversaire d’un serial-fucker adorable lui provoque des retrouvailles impromptues avec son ami d’enfance. Une ambiguïté est clairement palpable, mais le couple de ce dernier le ramène (quelque-peu) à l’ordre. Par ailleurs, l’hôpital désaffecté dans lequel se déroule l’intrigue est prompt à les mettre dans une galère plus profonde encore que la promiscuité que cela implique.

En se calquant sur la personnalité de sa réalisatrice, Crashing est valorisé par cette absence de politiquement correct. A l’instar de sa précédente production, Fleabag, son positionnement dans le rôle de la principale protagoniste lui permet de mener l’intrigue via le prisme de la vie d’une femme qui vit sa vie à corps perdu, cherchant du sens dans des situations qui en sont dépourvues. Dans une interview pour The Guardian, Walter-Bridge s’explique sur sa vision du profil des femmes dans le cinéma “A la télévision, les femmes sont constamment sexualisées, tels des objets. Mais l’exploration du désir créatif d’une femme est très excitant. Elle peut être une bonne personne, mais les coins sombres de son esprit peuvent être inhabituels et foireux, comme n’importe-qui.

Qui plus est, le panel des profils dépeints permet d’explorer la diversité des profils d’adultes de notre génération. Une artiste à l’accent fortement français trouve en un divorcé malmené et au physique ingrat, sa muse inattendue. Comme quoi, notre psychologie est infiniment singulière. Disponible sur Netflix, les 6 épisodes de l’unique saison de Crashing offre aux amateurs de sitcom une longue soirée à pleurer (de rire) face à cet humour anglais actuel, et une histoire qui résonne dans nos cœurs comme une galère fugace (puisque ce squat est temporaire) que nous-même aurions aimé raconté.

 

Texto: Sandra Farrands (www.musikotrotter.wordpress.com)

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